Le mot est lancé et il a le mérite de la clarté. Manuel Valls qui avait réfuté l’expression très connotée de « guerre de civilisation » face au « terrorisme » à propos des attentats de Charlie Hebdo, vient de sauter le pas après celui de Saint-Quentin-Fallavier. « Nous ne pouvons pas perdre cette guerre parce que c’est au fond une guerre de civilisation. C’est notre société, notre civilisation, nos valeurs que nous défendons », a déclaré le Premier ministre lors de l’émission Le Grand Rendez-vous d’Europe 1-Le Monde-iTELE.
Ce choix sémantique, dans lequel la droite a lu la validation de ses thèses, fait référence au modèle néoconservateur qui fut celui de l’administration Bush dans ses heures les plus sombres. Il justifie la guerre contre le terrorisme à l’extérieur de nos frontières, les lois liberticides et discriminatoires à l’intérieur, alimente au passage le mythe d’une cinquième colonne tout en confortant les préjugés islamophobe d’une part (grandissante) de la population. Et, hasard de calendrier, le tout au moment même où l’oligarchie européenne porte le coup de grâce à la Grèce coupable de vouloir choisir démocratiquement son destin. Le loup solitaire ne pouvait pas mieux tomber pour, une nouvelle fois, faire diversion.