Choc des civilisations : cui bono ?

Le mot est lancé et il a le mérite de la clarté. Manuel Valls qui avait réfuté l’expression très connotée de « guerre de civilisation » face au « terrorisme » à propos des attentats de Charlie Hebdo, vient de sauter le pas après celui de Saint-Quentin-Fallavier. « Nous ne pouvons pas perdre cette guerre parce que c’est au fond une guerre de civilisation. C’est notre société, notre civilisation, nos valeurs que nous défendons », a déclaré le Premier ministre lors de l’émission Le Grand Rendez-vous d’Europe 1-Le Monde-iTELE.

Ce choix sémantique, dans lequel la droite a lu la validation de ses thèses, fait référence au modèle néoconservateur qui fut celui de l’administration Bush dans ses heures les plus sombres. Il justifie la guerre contre le terrorisme à l’extérieur de nos frontières, les lois liberticides et discriminatoires à l’intérieur, alimente au passage le mythe d’une cinquième colonne tout en confortant les préjugés islamophobe d’une part (grandissante) de la population. Et, hasard de calendrier, le tout au moment même où l’oligarchie européenne porte le coup de grâce à la Grèce coupable de vouloir choisir démocratiquement son destin. Le loup solitaire ne pouvait pas mieux tomber pour, une nouvelle fois, faire diversion.

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La Grèce, nouveau laboratoire de la stratégie du choc

La « stratégie du choc » est une politique de démantèlement des biens publics et de réduction drastique des libertés menée après une grave crise économique, politique ou environnementale, un attentat ou une guerre. Elle s’inspire des techniques de lavage de cerveau et de privation sensorielle employées par la CIA visant à détruire la mémoire du sujet, briser ses capacités de résistance et obtenir une « page blanche » sur laquelle écrire une nouvelle personnalité. A l’échelle d’une population, il s’agit de faire « table rase » du passé en réduisant à zéro le patrimoine public d’un pays, ses structures sociales et économiques pour y construire une nouvelle société. Privées de leurs points de repères, littéralement en état de choc, les populations victimes de ce traitement se sont vues spoliées de leurs biens publics (éducation, santé, retraites) et de leurs libertés par l’oligarchie et ses élites sans même pouvoir et vouloir se défendre. Les Chiliens sous la dictature de Pinochet ou les Argentins sous celle de Videla, les Russes victimes de la « thérapie de choc » de Boris Elstine, les Irakiens victimes de la campagne de bombardements intensifs américains de mars 2003 baptisée Shock and Awe (choc et effroi), le peuple de Louisiane victime du cyclone Katrina, les Américains victimes de l’escroquerie du 11 septembre et ses dérives liberticides, les Lybiens ou les Syriens en proie au terrorisme international, les Ukrainiens victimes du coup d’Etat made in CIA, les Sud-Africains, les Chinois ou les Polonais victimes de la contre-révolution néo-libérale,… la liste est encore longue de tous ceux qui ont servi de cobayes à cette doctrine insensée née dans le laboratoire de l’Université Mac Gill à Montréal. Elle a provisoirement épargné l’Europe de l’Ouest… jusqu’à la crise des subprimes de 2007-2008.

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Les Républicains contre l’Islam

S’il est une question qui fait aujourd’hui consensus, c’est bien celle du traitement de l’Islam. Les diatribes de Nadine Morano sur le péril islamique ou l’annonce de Nicolas Sarkozy de vouloir légiférer une énième fois à propos du port du voile font sinistrement écho au laïcisme de Manuel Valls. Cette union sacrée de la classe politique contre le « péril islamique » conduit à toutes les surenchères. Mention spéciale à Christian Estrosi qui n’a pas hésité à affirmer que la France « était en guerre contre l’Islam ».

La question musulmane plus préoccupante que les tensions géopolitiques avec la Russie, l’effondrement économique de la zone euro, la crise écologique, l’accroissement continu du chômage en France ? Si l’on en croit les Républicains qui en ont fait le thème de leur première journée de travail, la réponse est oui. Selon Henri Gaino, qui a défendu cette priorité en fustigeant « le terrorisme des bien-pensants », l’Islam « nous pose un problème qu’il faut régler« . La fabrication du « problème musulman » est bien utile aux élites politiques pour faire diversion sur les sujets économiques sans doute plus graves… mais surtout plus difficiles à traiter. Il est plus délicat de s’en prendre à la finance qu’aux étudiantes voilées et la recette du bouc émissaire continue de faire ses preuves. Mais cette stratégie du rideau de fumée n’explique pas totalement la rupture bien consommée d’avec la relative tolérance dont bénéficiaient les populations maghrébines au début des années 1980, à une époque où la France était déjà en crise. L’ennemi intérieur musulman est né du tournant néoconservateur du début de la décennie 2000. Dans le sillage de la guerre contre le terrorisme, la nouvelle laïcité a fait de l’Islam une menace non seulement pour les institutions républicaines mais pour la civilisation judéo-chrétienne elle-même. En un peu plus de 10 ans, la théorie du choc des civilisations est devenu l’idéologie officielle des élites occidentales.

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Prostitution : l’ordre moral au secours de la gauche

La proposition de loi de renforçant la lutte contre la prostitution a été adoptée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale. Le texte sanctionne l’achat d’actes sexuels d’une contravention de 1500 euros et prévoit la création d’un « parcours de sortie » de la prostitution (sic), des mesures d’accompagnement social ainsi qu’une politique de prévention auprès des jeunes. En outre, il supprime le délit de racolage passif, institué en 2003 par Nicolas Sarkozy et dénoncé par les socialistes comme « inutile et inutilement stigmatisant » pour les prostituées. Mesure plus radicale, le blocage administratif des sites proposant un accès à la prostitution, sur le modèle de ce qui existe pour la pédopornographie ou le terrorisme n’a pas été retenu.

Si le vote de cette loi a reçu la bénédiction des Femen et de certaines associations féministes qui soutiennent ardemment le projet de prohibition, il a en revanche suscité l’inquiétude des syndicats de prostituées qui défendent la liberté d’exercice du métier et avaient appelé à manifester jeudi dernier. Le texte, qui n’est pas dénué d’effets pervers, contribuera à fragiliser encore plus des populations déjà touchées par la précarité et risque de les rejeter dans la clandestinité hors d’accès des structures de soins, de dépistage ou de prévention des maladies sexuellement transmissibles, en particulier du VIH. Pire, privées de cadre légal, elles seront sans doute davantage victimes de violences et auront des besoins accrus de protection, les exposant d’autant plus aux proxénètes et aux trafiquants. L’approche idéologique du problème de la prostitution, déconnectée des réalités économiques et sociales de son terrain, est celle d’une gauche bien-pensante qui a abandonné la défense des opprimés au profit d’un moralisme de façade.

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La réinformation, enjeu crucial des prochaines années

La vérité est enjeu de lutte. Cet aphorisme prend toute sa portée à l’heure où le Premier ministre, s’inspirant du modèle chinois, mobilise une armée de community managers pour relayer la parole officielle du gouvernement et contrer les propos critiques qui fleurissent sur Internet. La censure est aussi à l’ordre du jour avec la dernière loi antiterroriste mais elle se limite pour l’heure aux sites faisant l’apologie du « terrorisme » (notion, il est vrai, passablement élastique… ). L’énergie déployée par l’État pour soutenir la désinformation et réduire l’accès à une information alternative montre, si besoin était, que les mots (comme supports des idées) sont des armes dans les rapports politiques entre dominants et dominés. Aux mains des élites mondialistes, ils servent à la fabrication du consentement et prêchent la résignation en présentant la politique actuelle comme la seule praticable. Aux mains des dominés, ils sont un outil de réinformation active et une force émancipatrice.

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RFID : la police numérique arrive et ses pouvoirs sont illimités.

Vivre avec une puce électronique sous la peau, c’est désormais possible et même recommandé. Les Implant parties fleurissent un peu partout en Europe et l’une est d’ores et déjà prévue à Paris le 13 juin, organisée par le collectif de biohackers suédois Bionyfiken. Au menu : conférences (en anglais) et pose d’implants NFC (garantie indolore). Festives et hi-tech, ces soirées vantent les mérites de cette dernière folie technologique qui ouvre un peu plus la voie au transhumanisme : plus besoin de badge pour s’identifier, de carte bancaire pour payer ou de code pour déverrouiller son smartphone ou son ordinateur. La puce permet aussi le stockage de données personnelles directement lisibles sur un terminal de lecture. Selon ses promoteurs, il s’agit avant tout d’améliorer nos capacités d’êtres humains par la biotechnologie et d’optimiser notre rapport à l’environnement, en bref nous faciliter la vie et nous rendre plus efficaces. Il s’agit aussi de préparer l’opinion publique à ce qui sera demain la norme quand les pouvoirs publics rendront le puçage obligatoire.

Pratiqué aux Etats-Unis depuis une dizaine d’années, le puçage cutané s’étend rapidement en Europe. Certaines entreprises suédoises proposent déjà l’implant de puces à leurs employés afin de les rendre plus productifs et en Espagne elles servent de moyens de paiement dans certaines discothèques. Mais l’affichage promotionnel du procédé cache mal sa finalité réelle. Les volontaires de ce marquage électronique dernier cri sont en réalité les cobayes d’un projet d’envergure qui vise ni plus ni moins qu’à rendre l’individu totalement transparent et à le livrer pieds et poings liés aux dispositifs de surveillance et de contrôle.

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