Nicolas Bourgoin, né à Paris, est démographe, docteur de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales et enseignant-chercheur. Il est l’auteur de quatre ouvrages scientifiques : "La révolution sécuritaire (1976-2012)" aux Éditions Champ Social (2013), "La République contre les libertés. Le virage autoritaire de la gauche libérale" (Paris, L'Harmattan, 2015), "Le suicide en prison" (Paris, L’Harmattan, 1994) et "Les chiffres du crime. Statistiques criminelles et contrôle social" (Paris, L’Harmattan, 2008). "Les Quatre cavaliers. 1. Apocalypse orange" (Gunten, 2016), premier volet d'une trilogie, est son premier roman.
Le Premier ministre a déposé à l’Assemblée nationale un projet de loi pérennisant la gestion de l’urgence sanitaire. En soi, la formulation est surprenante, car soit il y a une urgence (et par définition elle ne peut être pérenne) qu’il est possible temporairement de traiter de manière exceptionnelle et proportionnée, soit il n’y a pas d’urgence et rien ne justifie la normalisation d’un régime d’exception. Mais il est vrai que le Covid est définitivement devenu un instrument de changement de notre société, ce que prévoit ce projet de loi avec une vision carcérale au quotidien, puisqu’il y aura toujours un virus actif : l’autorisation de circuler et de travailler n’est reconnue qu’aux personnes saines, le prouvant par un test et pouvant être conditionnée au vaccin. Ce n’est pas un mauvais roman SF, c’est la nouvelle normalité. Nos « progressistes » ne sont pas capables de nous proposer autre chose. Peut-être est-il temps de les aider à partir ?
Comme nous l’avons déjà démontré, le Capital financier atlantiste a décidé d’utiliser la pandémie de COVID-19 comme prétexte d’un Grand Reset visant à sauver les meubles face à la contradiction majeure de notre époque : l’effondrement structurel inéluctable du marché intérieur des pays impérialistes occidentaux en déclin.
Leurs élites, totalement impuissantes face à l’émergence multiforme de l’impérialisme chinois et à la substitution du « consommateur chinois » comme principal stimulant de la croissance économique mondiale, une perspective assumée publiquement par l’ancien premier ministre J.-P. Raffarinsur CCTV-F le 8 avril 2009, ont décidé que le temps était venu de finir ce qui a été commencé il y a plus d’une décennie :
La destruction des chaînes dorées de l’esclavage salarié pour quelques centaines de millions de prolétaires occidentaux relativement privilégiés. En 2007, dans notre ouvrage Impérialisme et anti-impérialisme, nous insistions déjà sur les perspectives économiques et sociales structurellement défavorables :
« Il est essentiel de comprendre que dans les pays bourgeois-révisionnistes, l’octroi « d’acquis sociaux » de la part des exploiteurs dépend des conditions économiques internationales. La bourgeoisie d’un pays impérialiste puissant et dynamique peut accorder à ses travailleurs des « adoucissements » à l’exploitation. En revanche, une bourgeoisie dont les débouchés tendent à rétrécir de manière relative (par rapport à ses concurrents) ou absolue, fera tout pour réduire à néant d’anciens « acquis sociaux ». (…)
Le blog internet d’un patron français relatait récemment son entretien avec un homologue chinois. Il rapportait qu’au cours de la conversation, il avait lancé au patron chinois que dans quelques années la Chine aurait une législation sociale et des acquis sociaux comme en France. Le patron chinois lui répondit lucidement, non sans ironie : « certes, mais à ce moment vous les aurez perdu en France » !