Les violences policières augmentent-elles en France ?

Le décès de Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive, l’usage abusif et en forte augmentation des « armes non-létales » (pistolet Taser ou Flash-ball) dénoncé par le Défenseur des droits dans son rapport, ont ramené sur le devant de la scène médiatique cette question politiquement sensible. Il est vrai que la justice semble ne plus fonctionner quand les forces de l’ordre sont en cause : réticence à poursuivre les responsables, circonstances du « drame » maintenues opaques, procédure lente et souvent à charge contre les victimes qui aboutit généralement à une ordonnance de non-lieu, à un classement sans suite ou à une relaxe (pour la plupart des affaires), à une peine de prison avec sursis ou, fait rarissime, à une peine de prison ferme. Seules 5 % des affaires recensées ont conduit à cette dernière option. Le déséquilibre est frappant : rappelons que le meurtre d’une personne dépositaire de l’autorité publique est passible de la réclusion criminelle à perpétuité. Si le traitement pénal semble invariablement favoriser les policiers face à leurs victimes, quel que soit le gouvernement en place, en revanche leurs « passages à l’acte » redoublent d’intensité sous les législatures de droite.

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Rémi Fraisse, tué pour l’exemple ?

Dans le concert des réactions qui ont suivi la mort de Rémi Fraisse, une question a brillé par son absence : celle de la légitimité de l’emploi de grenades offensives, capables d’infliger des blessures mortelles, par des gendarmes contre des manifestants désarmés et pacifiques. Que personne ne s’offusque de l’usage d’une arme de guerre en temps de paix contre des opposants politiques en dit long sur la banalisation de la répression policière, y compris dans ses aspects les plus violents. Le traité de Lisbonne qui légalise le meurtre de manifestants n’avait, il est vrai, suscité pas davantage de réactions. Aujourd’hui, le pouvoir politique peut tuer légalement, le ministre de l’Intérieur a lui-même concédé qu’il ne s’agissait pas d’une bavure. Mais le meurtre pour l’exemple est un choix politique risqué : loin de faire reculer la contestation, il peut au contraire l’amplifier. Ce drame en rappelle inévitablement un autre, celui du manifestant Malik Oussekine battu à mort par la police le 6 décembre 1986. Son décès avait alors contribué à précipiter la défaite du gouvernement de l’époque : politique (le projet de loi Devaquet avait été ajourné) puis électoral (Mitterrand avait été largement (ré)élu en 1988, mettant un terme au gouvernement de cohabitation). Si les deux « drames » ne sont pas totalement comparables – dans le cas de Malik Oussekine il s’agissait véritablement d’une bavure – la sanction politique pourrait bien être à nouveau au rendez-vous… Lire la suite

La panique morale, dernière carte d’un gouvernement en déroute

Abandon-surprise de l’écotaxe, casse de la politique familiale, cafouillage à propos de la fermeture de Fessenheim, sabordage du mouvement des pilotes d’Air France… le gouvernement de François Hollande paraît naviguer à vue. Mis sous pression par Bruxelles et les agences de notation, il se trouve totalement incapable d’honorer ses engagements de campagne. Si sa politique économique et ses réformes lui ont valu le satisfecit de l’OCDE, elles ne peuvent en revanche que susciter déception et colère parmi ses électeurs et le condamne à terme à perdre le peu de légitimité et de crédibilité politique qui lui restent. Seule échappatoire : reprendre la main sur les questions d’ordre intérieur, une tactique qui a déjà fait ses preuves. Manuel Valls lui-même l’avait compris il y a déjà belle lurette :  « Pour l’opinion, la sécurité est le seul sujet que les politiques sont capables de traiter. Et il est au coeur de la crise de confiance que traverse le pays » (Le Monde, 3 juin 2006). Et pour redonner un vernis « de gauche » à la politique de sécurité du gouvernement, rien ne vaut la bonne vieille lutte contre l’extrémisme ou l’intégrisme religieux. Dans le viseur : le voile islamique, Dieudonné, la quenelle, les loups solitaires, les gauchistes et les dissidents, tous déclarés « ennemis de la République ». La fuite en avant, c’est maintenant.

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Prime de naissance, congé parental : les dessous de la fin programmée de la politique nataliste (Vincent Gouysse)

Le camarade Vincent Gouysse analyse ici les enjeux des réductions d’aide à la famille programmées par le gouvernement « socialiste ». Cette politique malthusienne de limitation des naissances et décidée par les élites politiques est à l’inverse des engagements du Conseil National de la Résistance. Elle marque une volonté de réduction des coûts de la reproduction des générations dans un contexte de crise de l’impérialisme. 

Au cours des dernières années, la natalité de l’impérialisme français a montré les premiers signes d’une profonde mutation. En 2013, on a en effet enregistré 781 000 naissances, un chiffre en baisse de 1,8 % par rapport à son niveau de 2008. Cette baisse peut sembler modérée et presque anecdotique au regard de l’acuité de la crise économique actuelle, mais rappelons qu’au cours de la période précédente (2003-2008), le nombre de naissances avait augmenté de 4,5 %… La baisse est donc déjà significative, mais elle risque d’être bien plus prononcée au cours des prochaines années, puisque comme nous allons le voir, nos « élites » ont décidé qu’il était temps de mettre un terme à la politique nataliste instaurée il y a plus de sept décennies. Lire la suite

A l’université comme ailleurs, non à l’islamophobie !

Un professeur de l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence a désapprouvé publiquement durant un cours le port du voile par une de ses étudiantes. Violemment prise à partie par l’enseignant qui l’a accusée d’être un «cheval de Troie du salafisme», la jeune fille a alors quitté l’amphithéâtre accompagnée d’une bonne moitié des étudiants présents. Cet incident montre par l’absurde les ravages que peuvent produire dans la société française les campagnes islamophobes à répétition. Musulmans de France sommés de se désolidariser des djihadistes égorgeurs de chrétiens (comme si l’appartenance religieuse créait une solidarité de fait), campagnes incessantes contre le port de signes religieux assimilé à une atteinte contre la sacro-sainte laïcité, racisme au plus haut sommet de l’État… l’Islam ne quitte pas le viseur du gouvernement et de ses agents. Mais à qui profite donc le crime ?

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