Moins d’État signifie en réalité moins d’État social et plus d’État répressif, le programme (très) libéral d’Emmanuel Macron se charge de nous le rappeler. Partisan d’une dérégulation accrue de l’économie avec une nouvelle loi travail encore plus destructrice que la précédente pour les droits des salariés, il prévoit de nombreuses mesures destinées à renforcer l’arsenal répressif et la surveillance des citoyens : nouveaux pouvoirs donnés à la police (dont les effectifs seront fortement augmentés dans un contexte de suppression massive de fonctionnaires), agrandissement du parc pénitentiaire, durcissement de la cybersurveillance, alourdissement des sanctions contre les fraudes, effort accru en faveur de la défense nationale, priorité donnée à la lutte antiterroriste avec la mise sur pied d’une task-force de renseignement… Le projet sécuritaire d’Emmanuel Macron se borne en réalité à confirmer la politique menée pendant cinq ans par Manuel Valls.
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Explosion des violences policières sous la présidence Hollande
L’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) rompt le silence qui entoure les violences policières en France. Son dernier rapport (sorti avant les récentes manifestations contre la loi travail) montre une nette progression du nombre de tués par les forces de l’ordre à partir de 2012. D’environ 8 décès annuels en 2004-2011, on passe brutalement à 19 en 2012, 10 en 2013 et 14 en 2014. La gauche, toujours prompte à dénoncer les violences policières quand elle est dans l’opposition, n’a aucun scrupule pour en faire usage quand elle gouverne. Si l’alternance n’a en rien fait diminuer le niveau des violences policières, bien au contraire, elle en a fait changer le contexte. Souvent commises dans le cadre de gardes à vue il y a une dizaine d’années, elles s’exercent aujourd’hui majoritairement lors d’opérations de contrôle de l’espace public, comme les manifestations, les opérations de sécurité dans des quartiers jugés sensibles ou dans les Zones à Défendre (Notre-Dame-des-Landes ou Sivens). La répression policière qui a touché les récentes manifestations contre la loi travail, inédite par sa brutalité, en est un parfait exemple.
Projet de réforme pénale : verrouillage sécuritaire et dérive néo-conservatrice.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets : les derniers attentats devraient être le prétexte à un nouveau durcissement de la législation antiterroriste à l’image des précédentes lois votées depuis quatre ans selon le triptyque habituel – renforcement du pouvoir exécutif, intensification de la surveillance et diminution des libertés publiques. Les débats qui s’ouvrent au Sénat (majoritairement à droite) à partir de ce mardi devraient être ceux de tous les dangers pour ce qu’il reste de démocratie. Jamais à court de surenchère, la droite a d’ores et déjà émis des propositions pour « muscler » le projet de loi adopté par l’Assemblée Nationale, allant de l’instauration d’une période de sûreté de 30 ans (contre 22 aujourd’hui) au rétablissement de la peine de mort pour les terroristes en passant par la création d’une perpétuité incompressible (défendue notamment par Nathalie Kosciusko-Morizet) ou encore la mise en place d’une rétention de sûreté après la prison, la création d’un délit de consultation habituelle de site terroriste, ou d’un délit de voyage à l’étranger (sic) avec séjour dans un lieu où s’entraînent les terroristes.. Le Sénat prévoit aussi de renforcer le contrôle administratif des personnes de retour de zones d’opérations terroristes. Autres dispositions que devraient introduire les sénateurs : l’organisation d’un régime plus rigoureux d’exécution des peines ainsi que la création d’une circonstance aggravante permettant de criminaliser certains délits d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, et de faciliter la saisie des correspondances stockées.
Mais ces outrances cachent l’essentiel : le basculement progressif du droit pénal classique dans un régime de « droit pénal de l’ennemi » qui traite le terroriste comme un « combattant illégal » (pour reprendre la terminologie bushienne plus que jamais d’actualité). Ne pas considérer l’auteur d’attentat comme un délinquant amendable mais comme l’agent d’une puissance ennemie. De fait, les appels incantatoires à intensifier la « guerre contre le terrorisme » lancés par les responsables politiques – Manuel Valls en tête – et les medias sous contrôle ont pour fonction de donner corps au mythe d’une guerre des civilisations. Au risque d’alimenter la menace même qu’ils prétendent combattre tout en liquidant au passage ce qu’il reste d’État de droit.
Manuel Valls, l’homme de fer du MEDEF.
Joël Moreau, un militant et responsable local de la CGT a été condamné ce vendredi à 250 euros d’amende plus 500 euros avec sursis, pour « outrage » envers des forces de l’ordre et le Premier ministre à l’occasion d’une manifestation à Mulhouse (Haut-Rhin). Le syndicaliste, après avoir passé 48 heures en garde à vue, comparaissait en procédure de reconnaissance préalable de culpabilité. Quels faits lui étaient reprochés ? Avoir « haussé la voix, dénoncé le projet de loi, les attaques contre les acquis sociaux » dans le cadre de la manifestation organisée devant une agence Pôle emploi où avait lieu la visite gouvernementale.
Cette criminalisation de la parole syndicale rappelle évidemment l’épisode Goodyear où l’on a vu huit salariés accusés de séquestration condamnés à des peines de prison ferme, fait inédit dans l’histoire des luttes sociales des dernières décennies. L’objectif de ce coup de force politique étant clairement d’intimider les salariés qui voudraient défendre leur outil de travail, enjeu crucial à l’heure où les « plans sociaux » se multiplient. Rappelons qu’un an auparavant, le Premier Ministre avait déjà fait échouer un précédent mouvement social d’Air France en refusant la mise en place d’un médiateur déclarant que cette grève « insupportable » devait s’arrêter et s’en prenant à « l’attitude égoïste » des pilotes grévistes. Cette répression sociale tous azimuts s’inscrit plus généralement dans une logique de confrontation brutale avec le monde du travail comme le montre le projet de loi El Khomri visant à exaucer les voeux les plus fous du MEDEF sur le dos des salariés.
Et pour faire ce sale boulot de casse des acquis sociaux, Manuel Valls est bien l’homme de la situation. Faible avec les forts et fort avec les faibles : la cible de son autoritarisme outrancier est claire : au-delà des syndicalistes en lutte, tous ceux qui osent contester la politique catastrophique du gouvernement socialiste.
État d’urgence décrété : vers un coup d’État silencieux ?
Le bilan des attentats perpétrés cette nuit en différents points de la capitale est l’un des plus lourds de ces cinquante dernières années : 120 personnes tuées et 200 blessées dont 80 dans un état grave. La sidération qui suit ce genre d’événements est peu propice à la réflexion mais plusieurs enseignements peuvent en être tirés.
Cet attentat, comme sans doute les précédents, apparaît lié à l’intervention militaire de la France en différents points, en particulier en Syrie. Selon l’un des témoins présents au Bataclan, les assaillants ont explicitement mis en cause la politique de la France au Moyen-Orient : « Je les ai clairement entendus dire aux otages ‘C’est la faute de Hollande, c’est la faute de votre président, il n’a pas à intervenir en Syrie ». « Ils ont aussi parlé de l’Irak », comme l’a rapporté un animateur radio et TV qui se trouvait dans la salle. Le président Syrien a d’ailleurs tracé un parallèle entre la situation en France et celle en Syrie. Selon lui, notre pays vient tout simplement de vivre ce que « vit la Syrie depuis cinq ans ». Ce que nous anticipions il y a deux an est aujourd’hui vérifié : les djihadistes que l’on a laissé partir en Syrie en espérant s’en débarrasser reviennent aujourd’hui sur notre territoire, armés et entraînés et cet attentat sera probablement suivi par d’autres.
Ensuite, force est de constater que la plupart des lois liberticides promulguées depuis trois ans se sont révélées inefficaces pour éradiquer la menace terroriste car elles ciblent avant tout la contestation politique. C’est ce que nous prévoyions au moment du vote de la loi antiterroriste de l’automne 2014 et de la loi sur le renseignement de mai dernier. Parfaites pour mettre à mal la démocratie et les libertés publiques mais totalement inopérantes face au risque djihadiste.
Devant un tel fiasco, une question vient inévitablement : à qui profite le crime ? Et la réponse ne fait guère de doute : au système de domination qui ne pourra que sortir renforcé de cette nouvelle union sacrée belliqueuse et islamophobe.
Manuel Valls, valet de l’oligarchie. A propos du mouvement social à Air France.
On connaît surtout Manuel Valls pour ses diatribes contre le port du voile, son obsession anti-Dieudonné et son mépris des libertés publiques. On le connaît moins pour son intransigeance vis-à-vis des débordements liés aux mouvements sociaux. En bon admirateur de Georges Clémenceau, briseur de grèves patenté et ennemi juré des syndicalistes, il n’hésite pas à fustiger violemment les salariés en lutte pour défendre leur emplois et leur salaires. Loin de comprendre la colère des employés d’Air France menacés de licenciement, Manuel Valls s’est contenté de traiter de « voyous » ceux qui avaient molesté les cadres de l’entreprise, prenant fait et cause pour la direction. Briseur de grèves et récidiviste : il y a tout juste un an, il avait déjà fait échouer un précédent mouvement social d’Air France en refusant la mise en place d’un médiateur déclarant que cette grève « insupportable » devait s’arrêter et s’en prenant à l' »attitude égoïste » des pilotes grévistes. Et si ces prises de positions musclées traduisaient la vraie nature du PS et de sa politique que l’on pourrait résumer en quelques mots : dur avec les faibles, faible avec les forts ?
Les 5 recettes de Manuel Valls pour faire monter le FN
Le Front National a progressé sous les législatures socialistes des 30 dernières années et aucune d’entre elles ne déroge à cette règle. Depuis son score historique aux européennes de 1984 (11 %), le vote frontiste n’a reflué qu’en 1994, 2004, 2007 et 2009, quand la droite gouvernait (aux européennes de 1999, la liste dissidente de Bruno Mégret avait capté une partie des voix nationalistes). Et Jean-Marie Le Pen a réalisé le score historique qui lui a permis de se qualifier pour le deuxième tour des présidentielles en 2002, à la fin de cinq années de gouvernance socialiste. Les mêmes facteurs produisant les mêmes effets, le quinquennat de Hollande ne semble pas faire exception, bien au contraire. Tous les ingrédients sont réunis pour une progression spectaculaire du vote nationaliste qui devrait atteindre des sommets inédits aux prochaines élections départementales – sans parler des présidentielles de 2017. Fatalité ou stratégie délibérée ? Au vu de l’action de Manuel Valls et de son gouvernement, on est tenté de choisir la seconde hypothèse. Décryptage du travail d’un parfait attaché de presse.
Moins de liberté pour moins de sécurité : le triste bilan de Valls-Cazeneuve
Qui eut cru que la France de 2015 offrirait un tel tableau : plus d’une centaine de procédures pour « apologie de terrorisme », des dizaines de personnes – dont des enfants et des individus handicapés mentaux ou simplement en état d’ébriété – condamnés à de la prison ferme en comparution immédiate. Rappels à l’ordre, surveillance, délation, arrestations et garde à vue pour avoir eu le seul tort d’exprimer une opinion dissidente. Cette hystérie collective rappelle étrangement la chasse aux quenelliers de l’année passée où plusieurs centaines de personnes avaient perdu leur emploi.
Jamais aucun gouvernement n’aura contribué à ce point à faire reculer les libertés publiques : 2 lois antiterroristes en moins de 3 ans, dont l’une qui instaure un délit d’opinion inédit dans le droit pénal français, une jurisprudence qui lamine le droit à l’expression publique et artistique, une loi de programmation militaire qui légalise la surveillance d’Internet… les verrous protecteurs de la vie privée des citoyens sautent les uns après les autres. Les réseaux sociaux sont une cible privilégiée du zèle intrusif de l’État qui a hissé la France au rang de championne du monde de la censure de tweets en 2014. Quant à Facebook, il doit faire face à une demande d’informations de la part du gouvernement en hausse exponentielle (plus 45 % en un an), plaçant notre pays au quatrième rang mondial des plus grands demandeurs (après les Etats-Unis, l’Inde et l’Allemagne).
L’utilité de cette surenchère sécuritaire ? vraisemblablement nulle, aucune des personnes inquiétées n’ayant selon toute vraisemblance la moindre intention de commettre un quelconque attentat. Pas plus que la promulgation de la dernière loi antiterroriste – sans doute la plus liberticide jamais votée – n’a pu prévenir la fusillade de Charlie Hebdo, cette chasse aux sorcières ne fera diminuer le risque d’attentat.
Cette absurdité est représentative de la politique suivie par le ministère de l’Intérieur : entièrement mobilisé sur le front d’un risque qui fait moins de 10 victimes par an, il tourne le dos à la lutte contre l’insécurité réelle qui concerne des centaines de milliers de personnes. Dès lors, on ne s’étonnera pas que les chiffres de la délinquance soient chaque année plus mauvais. Nous l’avions constaté en 2013 et 2014 ne fait pas exception. Lire la suite
Valls 2 : un gouvernement de combat au service du mondialisme
Pacte de responsabilité, réforme territoriale, projet de loi sur la croissance, travail dominical, … les coups pleuvent comme jamais sur les classes populaires. Le gouvernement met les bouchées doubles pour liquider le modèle social français de l’après-guerre. Il a d’ores et déjà prévu de procéder par ordonnance pour faire passer les dossiers les plus épineux. Manuel Valls avait d’ailleurs annoncé la couleur en promettant il y a quelques semaines du « sang et des larmes » pour cette rentrée… bien évidemment en épargnant le grand patronat, ce qui lui a valu une standing ovation à l’Université d’été du MEDEF. Le remaniement ministériel suite au départ de certains frondeurs du PS – minime par son ampleur (seuls 4 ministres ont été remplacés) mais lourd de conséquences politiques – est un signe de cette fuite en avant. La nomination d’Emmanuel Macron, banquier d’affaires chez Rotschild et membre du groupe Bilderberg au poste-clé de Ministre de l’économie, est un signal envoyé aux marchés financiers et à Bruxelles au moment où la France éprouve des difficultés à satisfaire ses engagements en matière de déficit : la promesse que le gouvernement mettra tout en œuvre pour renouer avec l’orthodoxie budgétaire sur le dos des classes populaires. L’austérité c’est maintenant. Lire la suite
Hausse de la délinquance, baisse des libertés… le vrai bilan de Manuel Valls.
Aucun ministre de l’Intérieur, en seulement deux ans d’exercice, n’aura contribué à faire reculer à ce point la démocratie et les libertés publiques dans notre pays. Il est vrai que l’autoritarisme étatique est une tendance lourde des politiques occidentales depuis les attentats du 11 septembre mais Manuel Valls a déployé un zèle particulier dans ce domaine, au détriment de la vraie protection des citoyens qui était pourtant sa mission première. Dissolution de groupes contestataires, censure de twitter, atteintes à la liberté d’expression publique, répressions musclées des manifestants, surveillance du Net, multiplication des radars routiers,… ses exploits en matière de contrôle des citoyens contrastent singulièrement avec les résultats médiocres de son bilan de sécurité publique. De là à penser que sa vraie priorité n’est pas de lutter contre la délinquance mais de réprimer les oppositions à la politique menée par le gouvernement, il n’y a qu’un pas… que l’on peut aisément franchir. Lire la suite