Analyse critique de La Révolution Sécuritaire par Clément Lefranc (04/04/2013)

 L’histoire aide à mettre l’actualité en perspective. La prise de recul que nous propose Nicolas Bourgoin s’avère de fait particulièrement utile pour prendre la mesure des options passées et des débats actuels dans le domaine, socialement et politiquement sensible, de la sécurité. En proposant une généalogie de la pensée et des politiques sécuritaires depuis le rapport Peyrefitte de 1977 jusqu’aux récentes mesures adoptées par le gouvernement de François Hollande, l’auteur montre comment, progressivement, une philosophie punitive et conservatrice s’est imposée.

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France : La Révolution sécuritaire (1976-2012), par Nicolas Bourgoin. Lecture critique de Jean-Michel Moriset.

Le démographe marxiste, Nicolas Bourgoin, lance un pavé dans la vitrine du parti socialiste ; ces derniers auraient participé à la création d’un état policier à visée totalitaire.

L’auteur, dans une thèse de 210 pages, explique la genèse et le déploiement d’un appareil autoritaire, résistant à l’alternance.

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Politiques sécuritaires : le Grand Bond en arrière

Interview réalisée par le journal Factuel.info, le 9 avril 2013.

Factuel info : Bonjour, votre premier livre portait sur le suicide en prison. Comment on passe du suicide à la révolution sécuritaire ?

Nicolas Bourgoin : La passerelle entre les deux, ça a été est le crime (mon second livre : Les chiffres du crime). Un collègue m’avait suggéré de prolonger son travail sur le crime. Il avait travaillé sur les années 1963 à 1978, et m’a proposé de faire l’avant et l’après. En faisant ce travail, je me suis vite aperçu que c’est avant tout la réponse pénale qui définit le crime, que l’appareil répressif d’Etat joue un rôle décisif car sa politique détermine dans ses grandes lignes le travail de la police et de la justice et donc la « fabrication institutionnelle » des délinquants criminels. D’où l’idée de travailler sur les politiques pénales.

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62 lois sécuritaires votées entre 2002 et 2012 ! Stop ou encore ?

Depuis 2002, de nombreuses lois sécuritaires ont été votées en France, pour la plupart par la droite. Elles affaiblissent les droits du justiciable, augmentent les pouvoirs de la police et des procureurs tout en diminuant ceux du juge, renforcent la surveillance et le fichage des populations, réduisent les libertés publiques, alourdissent les peines, créent des nouveaux délits, s’attaquent à la justice des mineurs en l’alignant sur celle des adultes et transforment des institutions telles que l’école, le travail social ou la psychiatrie. Nous présentons ici les principales mesures des lois sécuritaires les plus significatives.

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Critique de La Révolution Sécuritaire (1976-2012) par L. Francou

Lionel Francou, « Nicolas Bourgoin, La révolution sécuritaire (1976-2012) », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2013, mis en ligne le 28 mars 2013, consulté le 28 mars 2013. URL : http://lectures.revues.org/11077

Après deux premiers ouvrages consacrés au suicide en prison (1) et à une lecture critique des statistiques du crime et de leur instrumentalisation (2), Nicolas Bourgoin (3) nous livre ici un travail de recherche qui s’inscrit dans la continuité de ces travaux tout en franchissant un palier supplémentaire. Il nous présente ici une approche globale portant sur les différentes dimensions des politiques sécuritaires, depuis leur conception jusqu’à leur application en passant par les processus médiatico-politiques qui ont, à la fois, permis leur succès et leur légitimation. Cette dernière peut s’observer à travers un « consensus politique » qui justifie la non-remise en question de cette approche sécuritaire désormais présentée comme politiquement neutre et technique. Ainsi, cette direction sécuritaire devient la seule « solution » à une montée de la violence qui, comme le montre l’auteur, à défaut de s’observer dans les chiffres (ceux-ci indiquent, par exemple, une baisse tendancielle des homicides depuis 1980) est un incontournable des discours tenus par les politiciens, les médias et les « experts » en sécurité. Il démontre comment une véritable révolution sécuritaire et conservatrice, c’est-à-dire un « mouvement circulaire qui fait revenir au point de départ (…) recyclant les vieilles recettes punitives » (4) se dessine depuis 1976. Cette année-là, le Rapport Peyrefitte donne un coup d’accélérateur à un processus de « basculement autoritaire » dans lequel le maintien de l’ordre justifie la prolifération des régimes d’exception et les atteintes aux libertés civiles. Depuis, la sécurisation de la société est galopante, facilitée par un « consensus » ou une « doxa » qui fait rimer insécurité avec « comportements délinquants de la classe dominée » (p. 9). Lire la suite