Le PS a-t-il perdu le vote des musulmans après celui des classes populaires ? A en croire certaines déclarations politiques, la réponse est oui. S’il ne pèse que 5 % du corps électoral, il est traditionnellement marqué à gauche (entre 70 % et 90 % suivant les élections ) et a joué un rôle décisif dans la victoire de François Hollande qui en a recueilli la quasi-totalité. Le rejet anti-Sarkozy avait joué à plein : le candidat socialiste promettait de rompre avec la politique atlantiste de son prédécesseur et d’en finir avec les débats truqués sur l’identité nationale « qui ne servent qu’à monter les français les uns contre les autres ». La suite nous a montré ce qu’il fallait en penser… De fait, une bonne partie de ces voix ont fait défaut au PS lors des municipales et des européennes et ont contribué à expliquer sa déroute électorale. Dimanche dernier, moins d’un électeur sur dix s’est déplacé pour voter pour le parti aux commandes, situation inédite. La campagne anti-Dieudonné, celles sur la « laïcité », les attaques contre les principes religieux avec l’enseignement de la théorie du genre, le mariage gay et la légalisation de la PMA et de la GPA prévue initialement dans la loi Famille, les diatribes islamophobes de Manuel Valls, les lois anti-voiles votées par le gouvernement, la ligne pro-sioniste suivie par celui-ci sur les dossiers Syriens et Ukrainiens, son soutien inconditionnel à Israël, et enfin l’abandon de promesses pourtant bien timides sur le droit de vote des étrangers ou les récépissés lors des contrôles de police ont achevé de dissiper ce qu’il restait d’illusions à propos d’un PS antiraciste et bienveillant à l’égard des musulmans. L’opération séduction un mois avant les mucipales, l’hommage de circonstance rendu par François Hollande aux soldats musulmans morts pour la France n’ont pas trompé grand monde.
Mais si la politique du PS a aujourd’hui le mérite de la clarté, son sionisme outrancier n’est en réalité qu’une radicalisation d’un processus ancien : la conversion néoconservatrice du PS est contemporaine de son tournant libéral de 1983, au moment où le gouvernement de Pierre Mauroy fait le choix d’une politique de « rigueur économique ». Cette option entraînera dans son sillage la création de SOS-Racisme, réponse dévoyée et politicienne aux revendications d’égalité des droits formulées par la jeunesse issue de l’immigration lors de la marche de l’automne 1983. Le PS ne sortira plus de la ligne ainsi tracée : gauche des valeurs, droite du travail. Le sociétal en lieu et place de la défense des travailleurs, la stigmatisation et le « diviser pour mieux régner » en lieu et place de la lutte contre l’intolérance et les inégalités sociales. Selon les mots d’Eric Zemmour, l’antiracisme institutionnel « fut le rideau de fumée qui occulta la soumission socialiste aux forces libérales »… et SOS-Racisme le principal instrument de cette manipulation. Lire la suite