Les Brillants ou la face obscure du Nouvel Ordre Mondial

Depuis 1980, 1 % de l’humanité naît avec des capacités intellectuelles, cognitives ou psychologiques surdéveloppées. Les premières générations de ce qu’on appelle les « Brillants » ou les « anormaux », désormais parvenues à l’âge adulte, menacent l’équilibre du monde et le système cherche à tout prix à les contrôler : dépistage dès l’âge de 8 ans et internement des surdoués dans des établissements spécialisés (Académies), parcage dans des enclaves territoriales (Réserves) et en prime implantation d’une puce électronique géolocalisable. Nick Cooper, agent fédéral du Département Analyse et Réaction, est l’un d’eux. Ancien militaire, il met ses pouvoirs spéciaux au service de la défense de son pays par vocation patriotique en traquant les Brillants faisant mauvais usage de leurs surcapacités. A son actif, la liquidation de plusieurs présumés « terroristes ». Sa nouvelle mission : éliminer l’ennemi n°1 des USA, un Brillant considéré responsable du plus grand attentat jamais commis sur le sol américain. Il s’en acquittera avec zèle et efficacité jusqu’au moment où son rôle d’infiltré le mettra en contact avec une réalité jusque-là inconnue. Passé de l’autre côté du miroir, toutes ses certitudes s’effondrent…

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Nous sommes en 2013 et il n’y nulle montée en force du fondamentalisme religieux, ni guerre de la drogue en Amérique centrale, la faune arctique n’est pas menacée d’extinction, la NASA n’a pas abandonné les vols habités, le système éducatif américain se porte bien, l’Union Européenne n’est pas en faillite, les grandes banques de la Réserve fédérale ont toutes fermé, le système financier planétaire, pillé par des traders surdoués, a été dissous et remplacé par un nouveau. Des gadgets hi-tech, fruits de l’ingéniosité des Brillants, agrémentent la vie quotidienne : télévision en 3 D, datapad compressibles, téléphones holographiques… De fait, le monde des Brillants n’est pas tout à fait celui que nous connaissons, et pour cause. Le roman éponyme de Marcus Sakey, premier tome d’une trilogie, use avec bonheur du procédé de l’uchronie : réécrire l’histoire en fonction d’un événement du passé, ici l’irruption de générations de surdoués dont les plus vieux ont 33 ans. Mais ceux qu’on appelle aussi les « anormaux » n’ont changé le monde qu’en surface car leur influence est contenue par un système coercitif de contrôle et de surveillance qui livre une guerre sans merci à tous ceux qui refusent de s’y soumettre en prenant le chemin de la révolte active.

Le terrorisme est souvent qualifié d’arme des faibles, et à double titre. L’activisme est une solution par défaut qui concerne ceux qui n’ont pas accès aux autres modes de protestation politiques : commettre un attentat est avant tout un acte désespéré. Mais l’appellation de « terroriste » sanctionne aussi le caractère dominé de certains groupes ou personnes qui voient leur action revendicative ainsi disqualifiée par ceux qui ont la légitimité de le faire. Dans ce contexte, l’invention du concept de « terrorisme d’État » par le mouvement pacifiste est une tentative d’échapper à ce double-bind. Mais le retournement symbolique se heurte aux limites du système qui attribue aux élites politiques et médiatiques le monopole de la vérité. A toutes les époques, les idées dominantes sont celles de la classe dominante et celle des Brillants ne fait pas exception…

Autre méthode, casser les représentations dominantes. Dans le monde des Brillants, le terrorisme est le fait de certains éléments d’une minorité privilégiée aux prises avec une élite sans qualités qui cherche à se maintenir par la force brute de l’appareil d’État. Des forts ultra-minoritaires contre des normaux qui ont l’avantage du nombre. Ce renversement met à nu les ressorts de la problématique terroriste : d’un côté, un système brutal, injuste et prédateur, de l’autre, des individus qui agissent dans la mesure de leurs moyens pour tenter de le modifier à leur profit et se faire une place (normale) dans la société. Dans ce contexte, l’attentat devient un mode ultime mais légitime de contestation. Terroriste ou résistant ? la réponse est seulement affaire de point de vue.

Cette question nous rappelle que le pouvoir ne tient que par le consentement de ceux sur lesquels il s’exerce. Dans cette mécanique, les médias dominants jouent un rôle crucial en présentant le monde sous un jour favorable pour les gouvernants. Mettre en doute la version officielle, c’est donc mettre en doute leur pouvoir, attitude intolérable pour les élites qui se contentent généralement de réfuter toute version alternative en la qualifiant de « complotiste ». Donner à la théorie du complot ses lettres de noblesse en en faisant le ressort narratif du livre est plutôt audacieux. Sous couvert de la fiction, ce procédé permet de creuser le sillon de la réflexion globale et critique.

A quoi servent les médiamensonges ? à créer de faux problèmes et de fausses solutions, à inventer de faux amis et de faux ennemis pour in fine renforcer  l’emprise du système : « ils veulent provoquer et maintenir un état de guerre larvée. Ils veulent que nous soyons tous sur le qui-vive, en train de nous méfier de tout le monde. Les normaux et les anormaux, ceux de gauche et ceux de droite, les riches et les pauvres, tout le monde. Plus nous avons peur, plus nous avons besoin d’eux. Et plus nous avons besoin d’eux, plus ils deviennent puissants« , dira Nick Cooper quand ses convictions vacilleront.

La fiction est parfois un détour qui permet de mieux comprendre le monde réel. La science-fiction également. Dans l’univers décrit par Marcus Sakey, les élites politiques ne reculent devant rien pour maintenir le système qui leur assure leurs privilèges, y compris sacrifier la vie de milliers d’innocents. Manipulations médiatiques et désinformation, attentats sous faux drapeaux et inside job, technologies au service de la surveillance et du contrôle de masse, guerre sans fin contre le terrorisme et gouvernance par la peur, instrumentalisation des menaces et trahisons… le monde des Brillants est un sombre reflet de notre société post-11 septembre.

4 réflexions sur “Les Brillants ou la face obscure du Nouvel Ordre Mondial

  1. story telling abracadabrant cui bono choc des syphilisations

    voici un commentaire que je viens de poster comme une hypothese elucidant le mystere de l affaire des mistrals perdants

    l article relaye par r i est un peu sommaire neamoins suggere une reflexion en profondeur sur les coulisses et machineries du grand theatre merdiatico polilitico strategique ambiant

    en lisant la suite des commentaires il est aise de s apercevoir du flou dans lequel sont plonge les citoyens de franconie a qui il est conte 1000 histoires tortueuses afin de leur dissimuler les vrais enjeux des crimes escroqueries et manigagances de la strategie politique internationale au service des marchandages des grands argentiers du monde

    http://reseauinternational.net/maitre-goupil-a-malin-malin-et-demi/#comment-276553

    je t invite a lire cet article et les conclusions que je tire de cette crapuleuse affaire de negoce de navires qui cache moult intentions inavouables des 2 derniers suzerains en place en ce pays de grhollande

    j ignore quel point mon propos est brillant en tout cas son objet est chaud bouillant vu toutes les interpretations fumeuses qu il inspire

  2. Pour une critique radicale des médias. Entretien avec Baron William – Nicolas Bourgoin

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