De quoi NPNS est-il le nom ? Fortune et infortunes d’un Appareil Idéologique d’État.

De Sarkozy à Valls en passant par Hortefeux, une constante : la haine de l’Islam. Une seule ligne de conduite : taper encore et toujours, sans relâche, sur le musulman. Depuis 10 ans, pas moins de trois lois criminalisant la pratique religieuse des musulmans ont été votées. Ces attaques politiques s’appuient sur un travail préalable de formatage idéologique de l’opinion à même de réactiver les réflexes néo-coloniaux toujours vivaces dans la société française, et dont les effets sont connus : banalisation de l’islamophobie et multiplication des agressions contre les musulmans. Il est réalisé par les media officiels, bien sûr, mais aussi par certaines associations qui jouent le rôle d’appareils idéologiques d’État et mènent de véritables croisades idéologiques contre les musulmans sous couvert de défense de la « laïcité ». Parmi elles, Ni putes, Ni soumises qui, en associant républicanisme et féminisme, est depuis 2003 un auxiliaire indéfectible des différents gouvernements dans leur combat contre les populations musulmanes immigrées ou issues de l’immigration post-coloniale, en particulier les jeunes de banlieue.

Toujours à l’avant-poste des croisades islamophobes : l’association NPNS, pure création médiatique montée de A à Z par l’UMPS. On se rappelle (peut-être) de cette initiative pour le moins surprenante consistant à envoyer des « ambassadrices » (des missionnaires ?) dans les quartiers sensibles chargées de promouvoir la laïcité et l’égalité hommes/femmes, notamment en convainquant les femmes portant le niqab de l’enlever, dans le cadre d’une convention signée avec le Ministère de l’immigration et de l’identité nationale (sic !) en octobre 2010. Ou du plan Espoir Banlieues-Une dynamique pour la France (tout un programme !) lancé en janvier 2008 par la Sarko-féministe Fadela Amara consistant à ramener la République dans les « quartiers sensibles » en y déployant des milliers de policiers. Plus près de nous, NPNS n’a pas manqué de soutenir la loi interdisant le port du voile à l’université (après avoir fait de même pour celle concernant la burqa) ainsi que le mouvement des Femen, ouvertement islamophobe. Prompte à stigmatiser la « culture des cités » qu’elle associe à l’obscurantisme, au sexisme et même parfois à l’antisémitisme, dénonçant le « fascisme vert » des musulmans, cette association – financée à 95 % par les fonds publics – joue infatigablement le rôle d’un appareil idéologique d’État face à ce qui est perçu par les élites politiques comme une remise en question des institutions républicaines et de l’histoire coloniale officielle de la France. Les manifestations publiques de la pratique de l’Islam et de l’opposition au colonialisme occidental en Irak, en Afghanistan, en Lybie, en Syrie ou en Israël sont perçues par les élites politiques comme autant de menaces pour l’intégrité nationale appelant une réponse idéologique.

La stratégie suivie par les idéologues néo-conservateurs de NPNS repose sur une assimilation de l’émancipation féminine au rejet des signes d’appartenance identitaire à l’Islam : au nom d’une prétendue libération de « l’obscurantisme religieux islamique », les musulmanes se voient imposer l’universalisme républicain français et donc le renoncement à leur culture, à l’image de la célèbre cérémonie du dévoilement d’Alger. Comme le souligne Christine Delphy, cette acculturation forcée des femmes noires et arabes a pour effet, sinon pour fonction, de casser les solidarités internes de la communauté musulmane et ainsi l’affaiblir, tout en dédouanant les « Français de souche » de leur sexisme et de leur racisme[1]. Ce discours essentialiste[2] est construit sur un clivage séparant radicalement l’homme – ou la femme – occidental, développé et cultivé, de l’arabe, proche de l’animalité, violeur, voleur et voileur. Pour le républicanisme de droite ou de gauche, le sexisme intolérable est celui de l’étranger, il est importé par l’immigration arabo-musulmane porteuse de valeurs symétriquement inverses à celle du monde occidental.

La stigmatisation de ces nouvelles « classes dangereuses » ne doit rien au hasard et joue un rôle bien précis dans la reproduction de la domination. Il s’agit encore et toujours pour l’oligarchie financière et ses valets médiatiques de diviser (les classes populaires) pour mieux régner en focalisant l’attention de l’opinion sur une fraction de la population (qui est d’ailleurs loin d’avoir l’exclusivité du sexisme, n’en déplaise à Elisabeth Badinter) et masquer l’essentiel : l’incapacité des gouvernants à répondre efficacement à la gravité de la situation économique et sociale. Le racisme d’État, même voilé par l’alibi féministe, reste un auxiliaire indéfectible de la bourgeoisie, surtout en ces temps de crise.


[1] C. Delphy et H. Bouteldja, « Soumise à l’ordre postcolonial », Politis, 28 juin 2007.

[2] Voir N. Guénif-Souilamas, « Ni pute, ni soumise ou très pute, très voilée ? Les inévitables contradictions d’un féminisme sous influence », Cosmopolitiques n°4, juillet 2003, pp.53-65.

6 réflexions sur “De quoi NPNS est-il le nom ? Fortune et infortunes d’un Appareil Idéologique d’État.

    • Bien sûr c’est de l’humour. Mais c’est aussi de la stratégie. J’utilise à dessein des mots (bougnoule, romanichel ou négro) qu’une droite pense volontiers mais ne prononce pas.

      Un type, dans une réunion électorale du RPR, (ça date…) tient des propos très durs. Après son intervention outrée je « complète » en disant : « et les youpins, on les met au four ! » Eh bien on a entendu ce type se récrier et me faire la leçon… Alors qu’il venait de tenir des propos qui étaient inadmissibles mais restaient policés. Ma stratégie a provoqué un rétropédalage du type et un rétropédalage collectif.

  1. Israël agit de l’intérieur de l’état pour casser la résistance au sionisme en France | DE$ INTOX$ 'INFO

  2. Hum vous semblez être un ardent défenseur du multi-culturalisme par moment. Peut-être que NPNS a été récupéré par les politiques, je ne sais pas, mais à l’origine c’était une initiative visant à changer les mentalités dans les cités fortement peuplés par l’immigration afro-maghrébine, où les femmes non-voilées, musulmanes ou pas, se font souvent traiter de « putes » et sont traitées comme tel jusqu’à ce qu’elle se mettent à porter le voile pour être tranquille, c’est un phénomène avéré et établi. Et personnellement je le condamne car c’est une atteinte à la liberté de croyance et de style vestimentaire, une loi anti-dévoilées extra-judiciaire des zones de non-droit de l’état pour imposer une culture et une religion étrangère.
    Le voile était déjà interdit à l’école depuis 1905 en temps que signe ostentatoire de religion, en fait il est interdit partout dans la sphère publique depuis cette date mais on ferme les yeux parce que on est des gens conciliant et en retour on ramasse des tentatives pour introduire la religion dans les écoles de la République.
    Quant à la Burqa, c’est interdit d’avancer masqué sur la voie publique en France, c’est une question de maintient de la sécurité et de la paix civile, il n’y a aucun racisme la dedans, c’est juste qu’on ne peut pas identifier un individu masqué donc le retrouver en cas de délit.
    Les musulmans, certains sont polis et charmants mais d’autres refusent le contrat social Français qui est établi par les lois de la République et veulent le changer pour imposer le leur à la place et ça ça n’est pas acceptable, ça peut même se voir comme un colonialisme sournois et ça risque de mener à des tensions inter-ethnique de plus en plus forte puis à la guerre civile. Les gens qui viennent vivre en France doivent faire leur possible pour vivre en harmonie avec les Français et ça n’est faisable qu’en respectant nos us et coutumes pas en les critiquant et en les agressant constamment… si ça n’est pas possible d’accepter notre culture et nos lois alors il faut partir, des gens qui rejettent notre modèle non pas leur place en France, il y a des tas d’autres pays où ils pourront s’intégrer plus facilement et vivre leur foi de manière expansive, dans ce pays c’est perçu comme une invasion surtout dans le sud où les Français ont beaucoup souffert de l’islam depuis son origine et dont beaucoup sont des descendants de pieds-noirs qui ont du quitter l’Algérie parce qu’ils ont essayer d’imposer une façon de vivre et qui voient maintenant des Algériens venir leur imposer leur façon de vivre souvent selon les mêmes méthodes… mettez vous à leur place, qui colonise qui selon leur vision locale ?

  3. Les Républicains contre l’Islam - CentPapiers

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