Attentat de Nice : cui bono ?

La fin de l’état d’urgence était prévue pour le mardi 26 juillet, sauf « évènement exceptionnel ». Instauré après les attentats du 13 novembre et prolongé à deux reprises (dont la dernière en mai dernier pour assurer la sécurité de L’Euro de football et du Tour de France), ce régime d’exception en matière de sécurité donnait une plus grande latitude au procureur et à la police juridique pour, notamment, prononcer des assignations à résidence ou des interdictions de manifester, fermer certains lieux et mener des perquisitions de jour et de nuit. Hasard de calendrier, ce que les médias appellent « l’attentat de Nice » fournit un énième prétexte à l’exécutif pour reconduire une nouvelle fois pendant 3 mois ces dispositifs liberticides totalement inefficaces face au risque terroriste (la preuve vient d’en être faite) mais très efficients pour mater la contestation sociale. L’opération sentinelle, tout aussi inadaptée à un risque imprévisible et multiforme, est également reconduite. Déclenchée en janvier 2015 après les attaques de Paris, elle permet de mobiliser 10.000 militaires en plus des gendarmes et des policiers.

Sur un plan logique, une réponse efficace prendrait en compte les raisons mêmes qui poussent les activistes à viser la France, autrement dit les bombardements en Syrie et Irak. Sur ce point, la réponse est claire : François Hollande annonce vouloir intensifier les actions militaires de la France dans ces deux pays… autrement dit ce qui provoque justement la réaction terroriste ! Aveuglement ou incompétence ? Peut-être aucun des deux. Cette nouvelle stratégie de la tension, dont on peut faire l’hypothèse qu’elle est entretenue délibérément, permet à l’exécutif de gouverner par la peur en neutralisant les résistances populaires à sa politique. Comme dit Manuel Valls, « les Français doivent vivre avec le risque terroriste »…. qui n’a jamais été aussi élevé en dépit des multiples lois antiterroristes votées sous ce quinquennat.

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Terroriste ou déséquilibré ?

La question mérite d’être posée : le conducteur du camion Mohamed Lahouaiej Bouhlel, ressortissant tunisien de 31 ans établi à Nice et chauffeur routier  n’avait pas du tout le profil du loup solitaire : il travaillait, était marié et père de famille et, totalement inconnu des services de renseignements, il n’avait jamais été incarcéré, n’ayant été condamné qu’une seule fois à une peine avec sursis pour altercation avec un automobiliste. Aucune documentation djihadiste n’a été retrouvée dans le véhicule et son conducteur n’était pas davantage identifié par les services spécialisés pour être en lien avec la mouvance radicale. Enfin, il est à noter qu’aucune organisation terroriste n’a pour l’instant revendiqué le carnage. Tout cela n’a pas empêché le Premier ministre Manuel Valls de déclarer que le tueur de Nice était « un terroriste sans doute liée à l’islam radical d’une manière ou d’une autre« , le Président Hollande d’affirmer que « le caractère terroriste de l’attaque ne pouvait être niée » ni le parquet de Paris d’ouvrir une enquête pour assassinat en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste.

À quoi sert le terrorisme ?

L’occasion était trop belle pour se passer d’un nouveau tour de vis liberticide bien que le recul des libertés publiques n’ait aucun effet sur le risque terroriste comme on vient encore une fois de le constater. L’encre de la dernière loi dite « de réforme pénale », publiée le 4 juin au Journal officiel est à peine sèche que l’exécutif parle de nouvelles mesures. Cette énième loi antiterroriste permet pourtant de renforcer l’arsenal policier et judiciaire dans la lutte contre le terrorisme afin de pérenniser les dispositions de l’état d’urgence. Inefficace contre le vrai terrorisme mais bien utile pour encadrer les manifestants contre la loi travail de la rentrée prochaine, que certains assimilent d’ailleurs à des « terroristes ». Et cerise sur le gâteau, le pouvoir ne manquera pas de tirer bénéfice de la division des classes populaires pour mieux régner, quand les musulmans seront une nouvelle fois montrés du doigt.

La guerre, continuation de la politique…

Pourtant peu portés à défendre la souveraineté nationale (surtout en matière économique) Valls et ses ministres ont une nouvelle fois lancés des appels incantatoires à l’union nationale sur fond de guerre contre le terrorisme avec, en ligne de mire, la « cinquième colonne islamiste » et, pourquoi pas, demain les opposants à leur politique. Cette stratégie du « choc des civilisations » est là pour masquer l’impuissance manifeste (pour ne pas dire plus) de l’exécutif sur le front économique. Le storytelling de la guerre avec ses héros et ses mythes est mis à profit pour, une fois de plus, manipuler l’opinion et obtenir son consentement  à sa propre domination sociale.

 

11 réflexions sur “Attentat de Nice : cui bono ?

  1. la promenade des anglais ferait-elle, comme l’équateur, le tour de la terre ? L’idée (sulfureuse) me vient qu’il doit y avoir au moins un virage à chacune de ses extrémités, et que, par conséquent, un camion de cette taille ne pouvait prétendre aborder ladite avenue qu’à la vitesse de 2 km/h maxi : mais alors, les policiers – même seulement municipaux -, chargés qu’ils étaient de faire respecter les règlements de circulation, n’auraient-ils pas pu éviter la cata ? Oh la la mais quelle mauvaise langue je suis ! Je voulais simplement dire que la seule application ferme et résolue des lois, règlements et codes en vigueur pourrait nous dispenser de voter d’autres lois anti terroristes ; voilà, c’est dit.

  2. une enquête sous contrôle de l’Assemblée Nationale doit être demandée. L’inefficacité totale d’une ville dirigée par un maire ultra sécuritaire , Monsieur ESTROSI, truffée de caméras et de police municipale armée pour aboutir à ce qu’un camion franchisse des barrages( où était-ils, qu’aucun tir dans les pneus ne semble avoir été constaté sauf à la fin de la cavale folle nécessite la suspension du maire ESTROSI, et celle du préfet pour enquête sur leur action.

  3. Commentaire à chaud d’ailleurs démenti, qui récite un obsessionnel parti pris anti-gouvernement…
    Un deuil national a été décrété et le respecter témoignerait d’un je ne sais quoi d’empathie pour les victimes et nous épargnerait ce mépris des conventions sociales teinté d’une volonté de provocation qui semble être le lot des intellectuels patentés.
    La cohésion nationale est à l’ordre du jour même si la politique gouvernementale est déplorable… un peu de retenue que diable !

  4. il fallait bien trouver quelque chose pour prolonger ad vitam l’état d’exception et tant qu’à faire aller terroriser les vacanciers sur leur lieu de vacances – en stratégie du choc permanent – pour que surtout ils ne retrouvent pas leur faculté de penser.
    La vilaine unanimité de l’exécutif à parler de terrorisme, n’est pas sans rappeler l’affaire d’un marché de Noël breton de l’ère sarkozyste où un type totalement beurré fonça avec sa camionnette sur la foule. Celui-là ne fut pas abattu et l’on pu constater son ébriété et mesurer son taux record d’alcoolémie pendant que l’exécutif d’alors et les « journalises » se ridiculisaient en criant au terrorisme. De nos jours, on à trouver la solution avec les notes blanches il suffit de les tuer avant de les entendre et des les habiller soi-même pour plusieurs saisons. Que sait-on de lui à présent ? Il aurait été un homme violent, pas du tout religieux, père de trois enfants, il aimait bien battre sa femme, qui avait demandé le divorce. Elle avait eu la mauvaise idée de lui dire qu’elle irait avec les enfants voir les feux d’artifice, avant de se raviser. Les armes factices en plastique ? Aller se faire une banque ou une bijouterie (le camion bélier est pratique courante pour faire les magasins) puis les offrir à ses enfants ? Le mensonge de l’éxécutif aura consisté à manipuler un fait divers meurtrier pour faire durer l’état d’exception en vue des manifestations sociales de la rentrée, voire plus si affinités. C’est à dire se débarrasser plus facilement des cas gênants les petites affaires du 0,99% mondialisé..

  5. Excellent article , tout y est dit , chapeau !!! Ça nous change des « merdias » en tout cas . Cette événement n’est rien d’autre que du management de la terreur ! Dommage que ce soit des innocents qui prennent tout dans la tronche , à cause d’une petite oligarchie qui veut asseoir sa domination , en empilant des montagnes et des montagnes de pauvre petite gens !

  6. Guerre à l’Islam ! – Nicolas Bourgoin

  7. Guerre à l’Islam ! | Réseau International

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